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Le berger qui souriait aux étoiles
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85-ième épisode de la série théâtrale 2

 
 
 
TITRE : « Les Nouvelles Aventures Fantastiques de Roberto » 
 
dans :  
 
« Le Berger qui souriait aux étoiles » 
85ième épisode 
 
 
 
 
 
EMILIANO (Le berger)  
LEONARDO (Le vieux peintre) 
BELOCCHIO (Le mouton) 
JULIETTA 
BENITO 
LEONARDO 
MAFALDA 
MORGAN 
ANGELO 
FLORA 
 
 
 
LIEU : L’action se déroule en Toscane dans la plaine de Bucine 
 
GENRE : Conte merveilleux 
 
AUTEUR : Emilien Casali 
 
ILLUSTRATION : Larisa Dumitrascu (élève de Maria Miflor)  
 
 
PROTECTION : SOCIETE DES AUTEURS COMPOSITEURS DRAMATIQUE 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
PROLOGUE 
 
EMILIANO (Le berger), LEONARDO (Le vieux peintre), BELOCCHIO (Le mouton) 
 
L’action se déroule en matinée, dans la plaine de Bucine. A proximité d’un olivier centenaire, un troupeau de mouton broute de l’herbe. 
 
Leonardo le vieux peintre (grande barbe blanche) se tient près de son chevalet sur lequel repose une toile. Le champ est rempli de bruyère. 
 
La toile sur laquelle peint Leonardo représente la scène de « L’attaque de la Salamandre » : l’action se déroule sur le pont d’une goélette amarrée dans un port roumain en mer noire aux alentours de 1507. Les passagers sont aux prises avec le fantôme de Diaz le pirate qui les attaque dans la nuit. 
 
Emiliano surgit en sifflant. 
 
LEONARDO, peignant sur sa toile à l’aide d’une plume de mouette 
Bonsoir, Emiliano ! Le ciel est dégagé ce soir.  
 
EMILIANO 
Qui va là ?  
 
LEONARDO 
Approche, mon garçon !  
 
EMILIANO 
Je ne vous connais pas, Monsieur. Que faites-vous là ?  
 
LEONARDO 
Je gardais le troupeau en attendant ton arrivée. Tu n’as rien à craindre. Je suis  
Leonardo, peintre de mon état.  
 
EMILIANO 
Il est magnifique ton tableau. C’est quoi ?  
 
LEONARDO 
Il s’agit de la scène de « L’attaque de la Salamandre ». Une représentation théâtrale doit avoir lieu sur la place de ton village. D’après la légende : « Les Compagnons Balladins étaient en quête du trésor de Spartacus en mer noire. Mais l’ombre de Diaz le pirate les guettait. » 
 
EMILIANO 
J’ai hâte de voir le spectacle ! C’est quand, dis-tu ?  
 
LEONARDO 
Très prochainement. 
 
EMILIANO 
J’aimerais bien être dessinateur comme toi. 
 
LEONARDO 
Tu ne veux plus être berger ?  
 
EMILIANO 
L’un n’empêche pas l’autre. 
 
LEONARDO 
Tu as raison. A mon époque, moi aussi j’avais plusieurs cordes à mon arc.  
 
EMILIANO 
J’aimerais être aussi footballeur… cycliste… chanteur… comédien…  
 
BELOCCHIO (Le mouton), s’approche d’Emiliano et lui tape sur l’épaule 
En attendant, tu es berger.  
 
EMILIANO 
Salut, Belocchio ! Je suis content de te revoir ! Figure-toi qu’on va être tout le temps ensemble.  
 
BELOCCHIO (Le mouton) 
Tu es en retard, Emiliano. Je te signale que c’est ton premier soir. Un bon berger arrive toujours à l’heure pour veiller sur son troupeau. De plus, Leonardo avait une surprise pour toi.  
 
LEONARDO 
Ce n’est pas grave, Emiliano, tu l’auras quand même ta surprise.  
 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
EMILIANO (Le berger), LEONARDO (Le vieux peintre), BELOCCHIO (Le mouton) 
 
 
 
 
 
BELOCCHIO 
Comment cela, ce n’est pas grave ? Le troupeau était inquiet.  
 
LEONARDO 
Maintenant que notre nouveau berger est là, tu peux dormir sur tes deux oreilles, Belocchio. Tout va bien se passer. Qu’attends-tu pour lui serrer la main ? 
 
Belocchio croise les bras et se retourne 
 
EMILIANO, tend la main au mouton 
Je suis désolé pour le retard, Belocchio. Je peux avoir ma surprise ? 
 
BELOCCHIO (Le mouton) 
Pas encore. J’ai quelque chose d’important à te dire.  
 
LEONARDO 
Belocchio est contrarié, semble-t-il !? 
 
BELOCCHIO (Le mouton) 
Mais il y a de quoi, Leonardo ! (Puis il s’adresse à Emiliano) Bon, à présent, tu vas bien m’écouter, Emiliano, je ne le répèterai pas 2 fois. C’est d’accord ?  
 
EMILIANO 
Et ensuite, j’aurai droit à ma surprise ?  
 
LEONARDO 
Patience, mon garçon.  
 
BELOCCHIO (Le mouton) 
Tu sais… Alberto arrivait tous les soirs en même temps que la Grande Ours… c’est le point de ralliement des étoiles de la voix lactée. Lui, au moins, il était ponctuel.  
 
EMILIANO 
J’adore les étoiles ! Maintenant que je suis berger, je vais pouvoir les contempler en vrai. D’habitude, à cette heure-ci, je suis couché dans mon lit.  
 
BELOCCHIO  
Ecoute-moi, bon dieu ! Tu as entendu ce que je viens de te dire ? 
 
LEONARDO 
Tu n’es pas obligé d’hurler ainsi, Belocchio, Emiliano a parfaitement compris.  
 
EMILIANO 
Je viendrais à l’heure la prochaine fois. Je te le promets, Belocchio. 
 
LEONARDO 
Je lui fais confiance. 
 
BELOCCHIO  
Ah oui ! Et comment fera-t-il quand le ciel sera recouvert de nuages ? Tu penses à cela, Leonardo ? Saura-t-il reconnaître les étoiles à ce moment-là ? Certaines sont là pour nous indiquer le chemin… d’autres sont là pour nous prévenir de ceci ou de cela… chacune d’entre elle a sa propre signification. 
 
EMILIANO 
Alberto m’a dit l’autre jour : « Un berger doit avoir de l’instinct et le sens de l’orientation ».  
 
BELOCCHIO  
Oublie tout ce que le vieux berger t’a appris.  
 
EMILIANO 
Pourquoi veux-tu que j’oublie ?  
 
LEONARDO 
Ce n’est pas l’homme qui dirige la nature mais la nature qui dirige l’homme.  
 
BELOCCHIO  
En effet ! Tu as encore beaucoup à apprendre sur ton métier, mon garçon.  
 
LEONARDO 
Laisse-nous en tête à tête, Belocchio. Je vais tout lui expliquer. Va brouter l’herbe en attendant ou bien va te coucher. Ne reste pas là, s’il te plait ! 
 
Belocchio va rejoindre le reste du troupeau près de l’olivier. 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 2 
 
EMILIANO (Le berger), LEONARDO (Le vieux peintre), BELOCCHIO (Le mouton) 
 
 
 
 
 
EMILIANO 
Ne t’en fais pas, Belocchio, Poil blanc m’aidera dans ma tâche. 
 
LEONARDO  
Plus maintenant, hélas. 
 
EMILIANO 
Et pourquoi, plus maintenant ?  
 
LEONARDO  
Le chien d’Alberto a disparu au bord de l’Arno cette nuit.  
 
EMILIANO 
Poil blanc s’est noyé ?  
 
BELOCCHIO 
Il a été dévoré par le loup.  
 
LEONARDO  
Ferme-la, Belocchio ! Tu n’as pas de preuves ! Laisse-nous tranquille !  
 
EMILIANO 
Mais de quel loup parle-t-il, Leonardo ? Mon père m’a dit que le loup ne quittait jamais la montagne.  
 
LEONARDO  
La compagne de Belocchio l’aurait soit disant aperçu l’autre jour rôdant dans la plaine. Il est possible qu’il soit à l’origine de la disparition de Poil Blanc, mais rien n’est sûr !?  
 
BELOCCHIO  
Ce bon chien n’a pas pour habitude d’abandonner notre troupeau aussi longtemps et sans raison.  
 
LEONARDO 
Ferme-la, Belocchio ! (Puis) Ces jours-ci, je te conseille de rester vigilant malgré tout, Emiliano. On ne sait jamais de quoi est capable le loup ? Celui-ci peut parfois prendre l’apparence de n’importe quel enfant.  
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 3 
 
EMILIANO, BELOCCHIO, LEONARDO 
 
 
 
 
 
BELOCCHIO  
Le loup va nous dévorer. J’en suis sûr !  
 
LEONARDO 
Calme-toi, Belocchio ! Tu vas faire peur à notre nouveau berger. 
 
EMILIANO 
Ne t’en fais pas pour le loup, je le chasserai du val d’Ambra. 
 
LEONARDO 
Et avec quoi veux-tu le chasser, mon garçon ? Tu n’as même pas ton bâton de berger.  
 
EMILIANO 
Le vieux berger n’a pas voulu me donner le sien. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. 
 
LEONARDO 
On peut peut-être y remédier ? Qu’en dis-tu ? 
 
EMILIANO 
J’aimerais bien avoir un beau bâton à moi et rien qu’à moi.  
 
LEONARDO 
Je vais peut-être pouvoir exaucer ton vœu, Emiliano !?  
 
EMILIANO 
C’est vrai, Leonardo ? Tu peux faire cela pour moi ? Dans ce cas, je veux un bâton qui soit grand, suffisamment grand pour repousser l’attaque du loup. Serait-il possible d’avoir un joli bâton en bois de chaîne ?  
 
BELOCCHIO  
Tu prendras le bâton qu’il te donnera.  
 
LEONARDO 
Ici, tu n’es pas à la maison, mon garçon, tu es dans un endroit hostile. A tout moment il te faut rester vigilant. Tu comprends ? 
 
EMILIANO 
Ne vous en faites pas, mes amis ! Je vais lui régler son compte au méchant loup. Mon papa m’a appris à me défendre.  
 
 
BELOCCHIO  
C’est cela, cause toujours ! Bon, qu’attends-tu pour emmener le troupeau à la rivière ? Mes compagnons ont soif.  
 
LEONARDO 
Un instant, Belocchio ! Je n’en ai pas tout à fait terminé avec lui. Je t’en prie, laisse-nous tranquille ! 
 
EMILIANO 
Comment se fait-il que les moutons ne soient pas allés s’abreuver à la rivière cet après-midi ? 
 
LEONARDO 
Belocchio et ses compagnons n’ont pas souhaité s’y rendre par crainte de tomber nez à nez avec le loup.  
 
EMILIANO 
Si tu me trouves un bâton, je conduirai le troupeau à la rivière avec plaisir.  
 
BELOCCHIO  
Je ne suis pas d’accord, Leonardo. 
 
EMILIANO 
Et pourquoi n’es-tu pas d’accord, Belocchio ?  
 
BELOCCHIO  
Emiliano nous conduit d’abord à la rivière et ensuite il aura son bâton.  
 
LEONARDO 
Ce n’est pas tout à fait ce qui était prévu dans notre arrangement, Belocchio.  
 
BELOCCHIO  
Très bien. Ce soir, c’est moi qui me plie à ses caprices et la fois prochaine ce sera lui.  
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 4 
 
EMILIANO, BELOCCHIO, LEONARDO 
 
 
 
 
 
LEONARDO 
C’est parfait. Lève la tête dans le ciel, mon garçon !  
 
EMILIANO 
Pourquoi faire ?  
 
BELOCCHIO  
Vas-y ! Lève la tête ! C’est ton jour de chance. 
 
EMILIANO, lève la tête 
Et alors ? Que va-t-il se passer ?  
 
LEONARDO 
C’est seulement lorsque l’étoile filante apparaîtra que ton vœu s’exaucera.  
 
EMILIANO, la tête dans les étoiles 
Elle apparaît dans combien de temps ? 
 
BELOCCHIO 
Reste concentré, mon garçon ! Elle sera là dans quelques secondes.  
 
EMILIANO, la tête dans les étoiles 
Comment le sais-tu, Belocchio ?  
 
LEONARDO, se dirige vers l’olivier 
Fais-lui confiance, mon garçon ! Belocchio en a passé des nuits sous les étoiles en compagnie de l’ancien berger.  
 
EMILIANO 
Et après ?  
 
BELOCCHIO 
Moi, je ne suis pas comme toi, Emiliano. Je ne me contente pas de venir rendre visite au troupeau seulement quelques minutes dans la journée.  
 
LEONARDO 
C’est la nuit qu’il se passe des choses, mon garçon. Tous les bergers le savent. 
 
BELOCCHIO 
Tu as beaucoup à apprendre sur ton métier. 
 
LEONARDO 
Laisse-le tranquille, Belocchio ! Ce garçon débute. Il faut bien qu’il apprenne.  
 
EMILIANO, la tête dans les étoiles 
L’étoile filante ne vient toujours pas.  
 
LEONARDO, passe derrière l’olivier  
Un peu de patience, mon garçon. Elle arrive !  
Elle arrive ! Pour rien au monde, elle ne manquerait ça.  
 
EMILIANO 
Et quoi donc ?  
 
BELOCCHIO 
Ton sourire, mon garçon !  
 
EMILIANO, le nez toujours collé dans le ciel 
Mon sourire ? Qu’est-ce qu’il a de spécial mon sourire ?  
 
LEONARDO, ressurgit un bâton de berger à la main 
Tu possèdes le plus resplendissant sourire du monde. Quoiqu’il arrive, ne l’abandonne jamais. Dis-toi bien que la terre tourne « rond », ce sont les hommes parfois qui ne tournent pas « rond ». Ne laisse à quiconque le soin d’abîmer ce sourire. Et si jamais tu rencontres un jour le chagrin, conserve toujours avec toi ce sourire, c’est l’un des plus précieux trésor de l’humanité. Avec lui, t’accompagneront toujours la paix, la sagesse et l’harmonie. Et si  
jamais la chemise du loup devient noire, prends garde, mon garçon.  
 
EMILIANO, le nez toujours collé dans le ciel 
Elle n’a pas l’air de s’affoler ton étoile. 
 
LEONARDO, lui assène un coup de bâton 
J’ai dit : vigilance, mon garçon ! Vigilance ! 
 
BELOCCHIO 
Déjà que tu as trop la tête dans les nuages… il manquerait plus que tu l’aies trop dans les étoiles.  
 
LEONARDO 
Les étoiles se contemplent avec parcimonie.  
 
EMILIANO 
Tu es fou, Leonardo ! Pourquoi m’as-tu frappé avec ce bâton ?  
 
LEONARDO 
J’aurai pu être le loup. Comprends-tu cela ? La prochaine fois, tu contempleras un peu moins les étoiles. (Il lui tend le bâton) Tiens, mon garçon, voilà ta surprise ! Et surtout, ne t’en sépare jamais. Garde toujours ce présent avec toi. Il te sera utile dans les moments  
difficiles.  
 
EMILIANO, se saisit du bâton qu’il contemple 
Ce bâton n’a rien d’exceptionnel.  
 
BELOCCHIO, le bouscule légèrement 
Vigilance ! Ce bâton de berger n’est pas un bâton comme tous les autres. Il possède des pouvoirs magiques, notamment celui de repousser les attaques des méchants de ce monde. Si jamais un jour, tu es en danger, fais appel à son pouvoir. Maintenant, conduis le troupeau à la rivière. Fais très attention au loup !  
 
Leonardo s’approche du chevalet et disparaît du lieu comme par magie 
 
EMILIANO 
Je te remercie pour ton cadeau, Leonardo. Où es-tu, Leonardo ? Tu ne comptes tout de même pas me laisser seul cette nuit ? Sans Poil Blanc, je ne saurai diriger les bêtes. 
 
LA VOIX DE LEONARDO 
Tu n’es pas seul, Emiliano, les étoiles veillent sur ton sourire à chaque instant. Bonne route, mon garçon ! Et reste vigilant ! Si jamais tu as besoin de moi, tu n’auras qu’à frapper 2 fois sur le sol en prononçant mon nom. Au revoir !  
 
EMILIANO, pousse le troupeau avec son bâton 
Dans ce cas, allons-y, les enfants ! Partons à la rivière. Quant à toi, Belocchio, je ne veux plus entendre le son de ta voix, c’est compris ! Avance !  
 
 
Emiliano et le troupeau quitte les lieux 
 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 5 
 
JULIETTA, BENITO, LEONARDO 
 
 
 
 
 
Quelques temps plus tard… 
 
 
JULIETTA, surgit, une petite boite à la main qui renferme un gâteau 
Ohé ! Ohé ! Emiliano ! Es-tu là, mon petit berger préféré ?  
 
BENITO, caché dans les branches de l’olivier  
Il n’est pas là ! Rentre chez toi !  
 
JULIETTA, s’approche de l’olivier 
J’ai apporté une petite surprise pour Emiliano. Tu peux me dire où il est ? 
 
BENITO 
Je te dis qu’il n’est pas là ! Retourne d’où tu viens, Julietta !  
 
JULIETTA 
J’ai reconnu ta voix, Benito. Montre-toi !  
 
BENITO, saute de l’arbre 
Ce n’est pas prudent de sortir la nuit, Julietta, le loup rôde dans la plaine.  
 
JULIETTA 
Tu ne me fais pas peur, Benito ! Le loup ne vient jamais dans la plaine, il reste sagement dans la montagne.  
 
BENITO, porte une chemise blanche 
« Lorsque arrive le printemps, le loup a très faim ! Est dévoré quiconque se place sur son chemin ! »  
 
JULIETTA 
Ce sont des bêtises ! Dans ses récits d’aventure, Jack London a démontré que le loup n’attaquait jamais les hommes. Des gens ont inventés des histoires invraisemblables sur le loup pour faire tout simplement peur aux enfants. Mais tu es bien trop ignorant pour comprendre cela, Benito. 
 
BENITO, se place devant elle 
Je crois bien qu’on ne parle pas du même loup !? (Il ricane) 
 
JULIETTA 
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas à toi que je viens rendre visite. Tu n’es pas berger que je sache.  
 
BENITO, l’air narquois 
Mon père m’a chargé de surveiller les brebis qui s’égarent pendant le couvre feu. Je profite de leurs moindres faux pas pour les remettre sur le droit chemin. Et si jamais l’une d’entre elles n’est pas sage, je dois la corriger avec ma ceinture. C’est devenu mon passe-temps favori depuis quelques temps. Tu l’ignorais ? 
 
JULIETTA 
Tu n’es qu’un beau parleur, Benito ! Tu ne m’impressionnes pas du tout. Et puis, tout le monde s’est bien que tu es incapable de faire de mal à une mouche.  
 
BENITO, cynique 
Tout dépend de la couleur de la chemise que je porte à certaines heures du jour comme de la nuit !? Et lorsque celle-ci est noire, je révèle ma véritable nature. Je vais te donner un exemple immédiatement ! Regarde bien ! (Il fait plusieurs tours sur lui-même. Sa chemise blanche devient noire) Que dis-tu de cela, Julietta ? Je ne possède peut-être pas le sourire d’Emiliano, je ne sais peut-être pas chanter, danser ou taper dans un ballon de football comme lui... cependant, je sais faire de la magie comme personne. Ton petit berger n’arrive pas à ma cheville.  
 
JULIETTA 
Tu ne m’impressionnes toujours pas, Benito.  
 
BENITO (chemise noire) 
A propos, ton père est-il au courant que tu es là ?  
 
JULIETTA 
Je suis une grande fille.  
 
BENITO 
Monsieur le Maire ne serait sûrement pas content d’apprendre que sa fille quitte le château à l’heure du couvre feu pour aller rejoindre le berger dans la plaine de Bucine !? Ton papa ferait une drôle de tête… qu’en penses-tu ?  
 
JULIETTA 
Tu n’as pas intérêt de lui dire. C’est compris ? 
 
BENITO 
Tout dépend ? Donne-moi quelque chose en échange de mon silence.  
 
JULIETTA 
C’est d’accord ! Que veux-tu ?  
 
BENITO 
Qu’y a t il dans la petite boite ?  
 
JULIETTA 
Je ne te le dirai pas. C’est une surprise pour Emiliano. 
 
BENITO 
Je vais le dire à ton père…. je vais le dire à ton…  
 
JULIETTA 
Il s’agit d’un gâteau au chocolat. 
 
BENITO 
C’est qu’il en a de la chance le nouveau berger ! 
 
JULIETTA 
Emiliano est mon meilleur ami, je partage tous mes secrets avec lui.  
 
BENITO 
Comme ce gâteau au chocolat, par exemple ! Donne-moi un petit morceau !  
 
JULIETTA 
Pas question !  
 
BENITO 
Je vais le dire à ton père… je vais… 
 
JULIETTA 
D’accord. Seulement un petit morceau. 
 
BENITO 
Voilà qui est plus sage de ta part.  
 
JULIETTA, s’apprête à ouvrir la boite 
Tu me laisseras tranquille ensuite ? 
 
BENITO, lui arrache la boite des mains et s’enfuit avec 
Finalement, je veux tout le gâteau !  
 
JULIETTA 
Ce n’est pas gentil de ta part, Benito. Je le dirai au berger.  
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 6 
 
JULIETTA, LEONARDO 
 
 
 
 
 
LEONARDO, apparaît au coté de son chevalet 
En aucun cas, tu ne dois l’accabler avec tes problèmes, ma fille. Le petit berger doit rester concentré sur son travail, il en va de l’équilibre du village. N’attire pas  
la foudre sur lui. Il y a déjà bien trop de malheur comme cela…  
 
JULIETTA, tape du pied en versant des larmes 
Emiliano ne sera pas content d’apprendre qu’on lui a volé son gâteau au chocolat.  
 
LEONARDO 
Il ne faut pas qu’il l’apprenne. Tu ignores ce dont est capable Benito. Ce vaurien est possédé par le diable en personne. Dans la région, nombreux sont les gens qui le soutiennent. Tu ne veux pas mettre en danger Emiliano, n’est-ce pas ?  
 
JULIETTA 
Bien sûr que non !  
 
LEONARDO, la prend dans ses bras et la console  
Maintenant, sèche tes larmes, ma fille. Oublie tout ce qui s’est passé avec Benito.  
 
JULIETTA 
J’y pense… et si jamais Benito raconte à mon père qu’il m’a vu cette nuit ?...  
 
LEONARDO, disparaît comme par magie 
Benito ne t’embêtera plus. Après tout, n’a-t-il pas obtenu ce qu’il voulait ? Alors, un conseil : rentre chez toi, ma fille ! Oublie tout ce qui s’est passé.  
 
Julietta quitte les lieux 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 7 
 
MAFALDA, MORGAN, EMILIANO 
 
 
 
 
 
En matinée, dans la plaine de Bucine. Emiliano est allongé contre l’olivier centenaire. Sa canne repose à coté de lui. Les moutons dorment dans l’herbe. 
 
MORGAN, surgit en moto en compagnie de Mafalda 
Réveille-toi, cousin ! C’est l’heure du petit déjeuner !  
 
MAFALDA, est assise sur le siège arrière de la moto, tenant un plat en main 
Devine qui m’a emmené en moto jusqu’ici, mon frère ? Il arrive à l’instant de France. Il est venu nous rendre visite.  
 
EMILIANO, les yeux fermés 
Silence ! Vous allez réveiller les moutons ! Les pauvres sont fatigués ! Ils n’ont pas fermés l’œil de la nuit, ils craignaient la présence du loup au bord de la rivière. (Il ouvre un œil et aperçoit Mafalda et Morgan) Ce n’est pas possible ! (Il se lève) Que fais-tu en Italie, Morgan ? Comment as-tu fait pour quitter la France? Mon père m’a dit qu’en temps de guerre les carabiniers ne laissaient passer  
personne à la frontière ?!  
 
MAFALDA, lui tend le plat  
Ton cousin a traversé la montagne à pied sans se faire attraper.  
 
MORGAN 
C’est le retour en France qui va être difficile. Maintenant que j’ai une moto, je suis obligé de passer par la route.  
 
MAFALD, tend le plat à Emiliano 
Tiens, c’est pour toi, Emiliano ! Maman t’a préparé un plat de « crostini ». Ils sont encore tout chauds.  
 
MORGAN, prend Emiliano dans ses bras et l’embrasse 
Salue, cousin ? Comment vas-tu ? Il parait que tu es devenu berger !?  
 
EMILIANO, se saisit du plat 
Je viens de passer ma première nuit sous les étoiles. J’ai vu la voie lactée pour de vrai. 
 
MORGAN 
Félicitations, petit ! Avec toi, je suis sûr que les moutons ne vont pas s’ennuyer. (Il repose Emiliano à terre)  
 
MAFALDA, lui tend toujours le plat  
Dépêche-toi de manger tes « crostini », Emiliano ! Ils vont refroidir. 
 
EMILIANO, se saisit du plat 
Je suis très content de te revoir, Morgan. Tu restes combien de temps en Toscane ?  
 
MAFALDA, lui tend une fourchette 
Mange avec la fourchette, s’il te plait ! 
 
MORGAN 
Je reste seulement trois jours en Italie. J’en profite pour faire la tournée de la famille. Ensuite, je retourne en France pour travailler comme mécanicien dans un garage. Dis donc, petit, tu as grandi depuis l’autre fois.  
 
EMILIANO 
La dernière fois qu’on s’est vus, c’était pendant la coupe du monde de 38. Tu sais… je ne serai jamais aussi grand et aussi costaud que toi.  
 
MORGAN, lui fait une petite tape amicale sur l’épaule 
Et moi, je ne serai jamais un champion comme toi, petit. Tu te souviens de la dernière fois ?... la « squadra » remportait la coupe du monde de football pour la deuxième fois consécutive.  
 
EMILIANO, saute de joie 
On est les champions… on est les champions… champions… champions… champions du monde !  
 
MORGAN 
Tu te souviens de la partie de football sur la place du village ?  
 
EMILIANO 
Bien sûr que je m’en souviens ! Heureusement que c’était toi le gardien ! Les attaquants adverses n’ont pas réussi à marquer un but. Tu empêchais tous les ballons de rentrer dans les caisses. Les autres joueurs s’arrachaient les cheveux. Ce fut le plus beau jour de ma vie ! Ce jour-là, on est devenu champion du monde.  
 
 
MORGAN 
Combien de buts as-tu marqué pendant le match, petit ?  
 
EMILIANO 
J’en ai marqué huit exactement.  
 
MORGAN 
Ce jour-là, tu nous as fait un sacré numéro d’artiste ! Tes dribbles faisaient mouche à chaque fois.  
 
EMILIANO 
Dis-moi, cousin, c’est quand la prochaine coupe du monde ?  
 
MORGAN 
Je l’ignore à vrai dire. Il faut attendre la fin de la guerre.  
 
EMILIANO 
La guerre s’arrête quand ? 
 
MORGAN 
Dieu seul le sait ! On sait toujours quand elle commence, on ne sais jamais quand elle s’arrête. Tu remettras ton titre en jeu plus tard, champion !  
 
MAFALDA 
Dépêche-toi de manger tes « crostini », ils vont refroidir ! 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 8 
 
MAFALDA, MORGAN, EMILIANO 
 
 
 
 
 
MORGAN, tape sur l’épaule d’Emiliano 
Comment trouves-tu ma moto, emiliano ? Je l’ai récupéré ce matin chez mon cousin de Montevarchi.  
 
EMILIANO, tout en mangeant les « crostini » avec la fourchette 
C’est une merveille ! J’aimerais bien faire un tour avec ?  
 
MORGAN 
Pas maintenant, voyons. Je viens à peine de l’avoir. Il faut d’abord que je fasse des petits réglages au niveau du moteur. 
 
EMILIANO 
Tu faut changer ton pot d’échappement, cousin, il fait un boucan d’enfer.  
 
MORGAN 
Qu’est-ce que tu racontes, petit ? Il est très bien comme ça !  
 
MAFALDA 
Le Morgan veut impressionner tout le monde avec son pot d’échappement.  
 
MORGAN 
Seulement…, ça ne plait pas à tout le monde.  
 
MAFALDA 
Ce matin, la Flora lui a fait une scène de ménage devant la maison.  
 
MORGAN 
Mon pot d’échappement a réveillé ta sœur. Elle était très énervée contre moi. 
 
MAFALDA 
Ça fait longtemps qu’elle est énervée contre toi, Morgan…. depuis le jour où tu n’as pas tenu à ta promesse.  
 
MORGAN 
Je n’ai rien promis à ta sœur, Mafalda.  
 
MAFALDA 
Ma sœur attend une réponse avec impatience. 
 
MORGAN 
Je ne sais pas si le Primo est d’accord !? Je ne lui en ai pas encore parlé.  
 
MAFALDA 
Comment veux-tu qu’il soit d’accord si tu ne lui en parles pas ?  
 
EMILIANO 
Que se passe-t-il ?  
 
MAFALDA 
Ta sœur est amoureuse d’un garçon qu’elle n’a jamais vu.  
 
EMILIANO 
Mais qui est le Primo ? 
 
MORGAN 
C’est le copain du Quinto.  
 
EMILIANO 
Et qui est le Primo ? 
 
MORGAN 
C’est le fiancé de Mafalda. 
 
MAFALDA 
Ce n’est pas encore mon fiancé.  
 
MORGAN 
Comment ? Tu ne veux plus te fiancer avec le Quinto maintenant ?  
 
MAFALDA 
Je ne vais tout de même pas me fiancer avec un garçon que je n’ai jamais vu.  
 
MORGAN 
Tu verras… c’est un garçon formidable !  
 
MAFALDA 
On verra bien ? 
 
MORGAN 
Comment ça, on verra bien ? J’ai déjà tout arrangé avec ton père : lorsque la guerre sera terminée, tu iras en France pour l’épouser. C’est ce qui était convenu.  
 
EMILIANO 
Tu veux quitter la France, Mafalda ? Tu ne te plait plus chez toi ? 
 
MORGAN 
L’amour lui fait tourner la tête. 
 
MAFALDA 
Je n’ai pas encore dit oui. Je vais réfléchir… 
 
MORGAN, grimpe sur la moto 
On en reparlera après la guerre. (Il entraîne Emiliano par le bras) Viens faire un tour de moto avec moi, Emiliano !  
 
EMILIANO, tend le plat à Mafalda 
C’est ça, après nous les mouches ! Tes « crostini » étaient délicieuses, ma sœur ! A plus tard, ciao ! (Il grimpe sur la moto) Avanti tutti !  
 
MAFALDA 
Et moi, je rentre comment à la ferme ?  
 
MORGAN 
Tu vas te dégourdir un peu les jambes, cousine ! Ça te fera réfléchir !  
 
FIN DE LA SCENE 8 
 
 
 
 
 
 
EPILOGUE 
 
 
ANGELO, FLORA, MAFALDA, EMILIANO, MORGAN 
 
 
FLORA, surgit au loin dans la charrette conduise par Angelo 
Où vas-tu, Emiliano ? Rentre à la maison !  
 
MORGAN 
Je l’emmène faire un tour avec moi, Flora. 
 
FLORA 
Laisse le petit tranquille, Morgan ! Il faut qu’il rentre à la maison. 
 
ANGELO, arrête les chevaux 
Oh, oh ! Tout doux, les enfants !  
 
EMILIANO 
Je ne fais rien de mal, Flora, je fais juste un petit tour de moto.  
 
FLORA 
Je ne veux rien savoir. Rentre à la maison, petit, ta mère t’attend. 
 
ANGELO 
Laisse ton frère tranquille, ma fille ! Le petit n’a rien à craindre avec son cousin.  
Tu n’es pas venue dans la plaine pour embêter ton frère, tu es venu chercher des fleurs pour ta mère.  
 
FLORA 
Le Morgan va emmener mon frère en France.  
 
MORGAN 
Ne raconte pas de bêtises, Flora. Je n’ai pas l’intention de t’enlever ton frère.  
 
FLORA 
Ne m’adresse plus la parole, s’il te plait.  
 
 
 
 
 
MAFALDA 
Ton frère veut juste faire un tour de moto avec le Morgan, Flora.  
 
EMILIANO 
On ne fait rien de mal.  
 
FLORA 
Le Morgan va l’entraîner dans ses bêtises. J’en suis sûre. 
 
MORGAN 
Ce soir, je le déposerai en moto à son travail, c’est promis.  
 
FLORA 
Tes promesses… tes promesses… je connais tes promesses…. tu ne les tiens jamais.  
 
MORGAN 
Ne commence pas, Flora. Je t’ai dit que j’en parlerai au Primo dès que je le verrai.  
 
FLORA 
Je n’en veux pas du Primo. Dis lui qu’il reste chez lui. 
 
MORGAN 
Je te rappelle que c’est toi qui dois aller en France et non l’inverse.  
 
FLORA 
Je ne vaux pas aller en France. De toute façon, le Primo n’existe pas.  
 
ANGELO 
Cela suffit, Flora ! Va cueillir des fleurs pour ta mère. (Il interpelle Mafalda) Monte dans la charrette, Mafalda, on rentre à la maison ! Quant à toi, mon fils, as-tu passé une bonne nuit avec les moutons ?  
 
EMILIANO 
J’ai fait correctement mon devoir de berger, Papa. Les moutons ont été sages comme des images. Bon, ils avaient un peu peur du loup… mais dans l’ensemble, ils ont été très sages. Et même que Belocchio m’a fait découvrir la voie lactée. 
 
ANGELO 
Félicitations, mon fils ! Tu es un grand garçon ! Et maintenant, va t’amuser un peu avec le Morgan. Allons-y, mes filles ! On rentre à la maison. 
 
FLORA, ramasse des fleurs 
Je n’ai pas fini de ramasser les fleurs, Papa.  
 
MAFALDA 
Tu reviendras demain, Flora.  
 
FLORA 
Ne m’adresse plus la parole, Mafalda. 
 
ANGELO 
Montez dans la charrette, mes filles ! Dépêchez-vous !  
 
MORGAN 
Bonne journée, Flora !  
 
FLORA 
Je t’ai dit de ne plus m’adresser la parole, Morgan.  
 
MORGAN 
A mon retour en France, je lui parlerai de toi, c’est promis. 
 
FLORA 
Laisse-moi tranquille !  
 
ANGELO 
On s’en va ! Allez ! Hue, hue !  
 
La charrette d’Angelo quitte les lieux avec Mafalda et Flora à son bord. 
 
EMILIANO 
Qu’attends-tu pour partir, cousin ?  
 
MORGAN 
Où veux-tu aller, Emiliano ?  
 
EMILIANO 
Et si on allait faire un tour au château de Cinna.  
 
MORGAN 
Et c’est parti ! Avanti tutti ! (La moto quitte les lieux rapidement)  
 
Un nuage de fumée envahit les lieux… 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
FIN DU 85-ième EPISODE 
 
 
 


  
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